Je fixais le plafond de ma chambre. Je pouvais pas rester comme ça. Trois mois que ça s'était passé et pourtant je n'arrivais plus à écrire. Adieu les études de Littérature, Adieu Harvard. Je m'assis sur le bord du lit et ouvris violemment le tiroir de ma table de nuit, l'arrachant même, je le retournais cherchant un paquet de cigarette. Son contenu tomba sur la couverture et je jetais le tiroir à l'autre bout de la pièce. Je cherchais frénétiquement une cigarette mais ne trouva rien. Je retombais sur le dos et fondis en larmes. C'était trop dur. Je me redressais et j'envoyais balader mes affaires. Je m'essuyais les yeux et je le vis. Ce morceau de papier tout froissé. Je n'avais pas su le laisser dans cette poubelle, je l'avais repris et caché dans ma table de nuit. Je m'agenouillais au sol et le saisis.

Kiara B. Jones a écrit:

Je me lance. Je vais bien y arriver un jour après tout... Je n'ai pris qu'un bout de papier pour écrire toute ma vie. Après tout, elle se résume à ça. Une feuille avec écrit le nom de "Nolan". Il ne faut pas croire que c'est l'homme que j'aime ou autre, nan, bien au contraire. C'est mon frère. Mon grand frère plus précisément. Ou pourrait dire que je voue une adoration pour lui mais ce n'est pas vrai. J'ai toujours voulue trouver un amour dans ses bras, cet amour que je pratiquement jamais trouver dans ceux de mes parents. Je ne dis pas par là qu'ils soient méchants, mais juste que l'amour paternel n'a jamais été vraiment ça. Je pensais, et je pense toujours que mon frère pouvait être plus attentionné que mon père. J'ai eu l'amour qu'il pouvait me fournir.
Nolan a toujours été très joueur, enfin c'est ce que je pensais. Il me poussait à faire des choses dont je me sentais pas suffisamment forte. Et en voulant lui montrer que je n'étais pas aussi nulle qu'il le pensait, j'eus droit à plusieurs cicatrices. Il ne me frappait pas! Nan, c'était moi qui m'étais fait toutes ces marques, écorchures, plaies, fractures et tout ça menait le plus souvent à l’hôpital. L'endroit que je déteste le plus au monde après bien sûr Albuquerque, là où habite aujourd’hui mon père et sa nouvelle femme. ET oui, j'ai oublié de parler de l'évènement le plus important de ma vie! C’est ironique, bien sûr. Comment le divorce pourrait être si important dans ma vie. Ça m'a éloigné de mon père et ensuite de mon frère. Nolan a fait des aller-retour entre New York et Albuquerque avant de s'y installer à l'âge de 18 ans. Je l'ai très mal pris... J'étais comme rejetée. Vous vous demandez comment je peux être tellement attaché à lui. Je ne sais même pas moi. C'est mon grand frère. J'ai besoin de lui, c'est tellement impulsif... Je peux pas dire qu'il comme une drogue pour moi, car je peux m'en passer, mais j'ai besoin qu'il sache que j'existe, qu'il fasse attention à moi, que je ne sois pas seulement Kiara Jones, mais sa petite sœur.
On pourrait croire que ma vie tourne toujours autour de Nolan et pourtant. J'ai une mon bac et j'ai fait deux ans d'études supérieur à New York avant d’apprendre que mon frère s'installait à Cambridge. Je n'ai pas pu résister à l'envie de le rejoindre. Deux ans, qu'on ne s'était pas vus et même si mes coups de fils étaient très fréquents, je ne pouvais sauter sur l'occasion de le voir en chair et en os. J'espère qu'il m'accueillera bien... Je pars donc poser mes valise à Cambridge et intégrer Harvard en filière Littérature, et n'y voyez pas de coïncidence avec Nolan. C'est purement le hasard...
J'écrivais au début que j'allais y arriver... Oui, j'ai réussis à confier ma vie, mes sentiments et même si tu n'es qu'on bout de papier froissé, tu contient la majorité de ma vie, j'ai s'en doute oublié quelques détails, mais de toute façon qui s'intéresse à la vie des gens de nos jours?

Ma vie était si simple à ce moment là. J'étais heureuse de retrouver Nolan, de pouvoir passer du temps avec lui, d'apprendre dans la meilleure université du Massachusetts. Je commençais ma première année de littérature, Nolan ouvrait enfin les yeux et tombait dans les bras d'Aileen sa meilleure amie depuis tellement d'années. Mis à part le fait que je passais mon temps à lire ou travailler, ma vie avait ce goût fade depuis tellement d'années. Pourtant ça ne me gênait pas plus que ça. Je sortais parfois avec mon frère en soirée, comme avant. Je m'amusais avec lui.