Je m’appelle Ricci, et ce qui est sûr, c’est que je n’ai rien de plus qu’une petite étudiante du quartier. J’ai grandi à San Francisco, ma ville natale. Bon d’accord… ce n’est pas New York, mais elle aussi renferme ses petits secrets qui la rendent unique aux yeux de ses habitants. Avec mes parents et mon petit frère, on habite le quartier Est de la ville, pas forcément le plus friqué, mais assez tranquille. De plus, on s’est toujours très bien entendu avec le voisinage, du coup, on se retrouve tous de temps en temps autour d’une petite fête.
Quand à moi, et bien, pour faire simple j’ai grandit dans beaucoup d’amour et de confiance. Bercée de contes de fée depuis mon enfance, je n’ai vraiment manqué de rien, à vrai dire, mes parents s’en sont toujours assuré. Par ailleurs, je ne souviens pas avoir été une enfant assez difficile.
Très jeune, je suis tombée amoureuse de la Photographie, et elle en est très vite devenue ma passion. Je me souviens encore, je déchirais les photos des magazines de mode, parfois même des agences de voyages, puis je les rassemblais et les collais dans mes cahiers d’école, et le chaque soir avant de fermer les yeux pour m’évader dans mes rêves d’enfants, je les contemplais avec tant d’amour et de passion, comme si je venais de réaliser une œuvre d’Art, sauf que c’était la mienne.



Les années ont ainsi passé et mon amour pour elle n’a, pour ainsi dire jamais cessé de grandir, il s’est même embrasé, à tel point que mon rêve aujourd’hui serait de devenir un très grand photographe. Bon j’en suis encore bien loin, mais j’ai déjà tout le matériel nécessaire pour obtenir de bons clichés.
A mes yeux et dans mon cœur, elle est beaucoup plus qu’une passion, c’est ce pouvoir divin d’immortaliser chaque chose qui peuple le monde : un instant, une émotion, un sourire, un regard, un sentiment, un geste qui un jour ont existé. En parallèle, je ressens un profond plaisir à me fondre dans les délicieux accords de ma guitare acoustique. J’adore la musique, et le chant aussi, longtemps elles ont été la clef qui m’ouvrit la porte vers ma rédemption. Chaque individu sur cette planète a été tôt ou tard aspiré dans cette sphère infernale où ne règnent que peine, haine et malheur. Quand à moi, chanter les textes que je pouvais écrire me permettait et me permet encore d’exprimer les lourds secrets de mon cœur. C'est ce qui, en quelque sorte, m’a permis de tenir.



Il existe des blessures qui peuvent s’effacer avec le temps, qui nous apprennent beaucoup sur soi, mais il y en a certaines qui sont ancrées si profondément en nous qu’elles font parti inhérente de notre être et bouleversent notre vie, nous changent d’un bout à l’autre, sans qu’on s’y attende vraiment. Et moi aussi…j’ai coulé…coulé continuellement dans les plus noires ténèbres, effleurant d’une morne caresse le spectre de la mort. Et ce jour là, cette adolescente pleine de vie et de rêves que j’étais, est morte.
Je me souviens très bien, comment oublier…il y a quatre exactement de cela, ce 17 juin 2008, à peine avais-je atteins mes seize ans, que je vis mon destin basculer radicalement. J’ignore la raison pour laquelle je me suis retrouvée dans cette ruelle, mais c’est en sortant du centre commercial où j’avais flâné toute l’après midi avec mes amies, que je les ai entendu. Un homme et une femme se disputaient, et pourquoi suis-je allée, je l’ignore encore, mais le fait est que, attisée par ma curiosité, je me suis avancé jusqu’à me retrouver face à eux.
A peine avais-je réalisé que le jeune homme, tout juste âgé de la vingtaine, pointait une arme à feu sur elle qu’il l’abattu de sang froid d’une balle dans la tête, qui se perdit dans une atroce détonation me transperçant les tympans et me glaça le sang. Dès cet instant, mon corps se pétrifia, incapable de bouger, devant cet horrible bain de sang dans lequel gisait le corps de cette pauvre femme. Sous le choc, je n’arrivai à exprimer aucune émotion, et je demeurais là, plantée devant lui, le regard rivé vers le cadavre ensanglanté.



Le temps que je réalise ce qui venait de se produire, il avait entamé le pas en ma direction car désormais j’étais le témoin de ce meurtre. Je fus prise d’une violente panique, cependant je demeurai incapable de bouger, le voir ainsi s’approcher fut comme apercevoir la mort elle-même, et j’ai fini par uriner sur moi... Heureusement l’individu se fit très vite interpelé et arrêté par la police qui se trouvait fort heureusement dans les parages. Considérée comme témoin principal, je fus convoqué quelques jours plus tard au poste du Central afin de procéder à l’identification. Cependant, trop terrifiée des conséquences qui se serait ensuivies, j’ai préféré mentir sur le suspect que j’avait clairement reconnu, en affirmant que tous les visages présents dans la salle m’étaient inconnus. Il fut finalement acquitté et disparu de la circulation.

Quant à moi, et bien les premiers mois furent un réel enfer: j'ai tout d'abord perdu la parole, un traumatisme psychologique selon les médecins. J'ai donc été suivit de près par une psychologue. Malheureusement, même si peu à peu je suis redevenue moi-même, retrouvant progressivement la force de parler, je vis dans cette horrible sensation d'être coincé dans une bulle dans laquelle j'ai beau crier de toute mes force, personne n'arrive à percevoir ma détresse. Et mêmes si mes parents ont remués ciel et terre afin de me rassurer, je me sens encore plus seule que jamais. Je revis sans cesse cette scène dans mes rêves, pleurant toutes les nuits, vomissant parfois. Elle me hante chaque jour, m'offusque et me consume, car elle est ancré en moi, cette blessures, et semble d'autant plus réelle que mon coeur qui bat. J'ai pourtant tout essayer afin d'oublier, mais en vain.

J'ai juste continué à me plonger d'avantage dans ma passion, pour en arriver à un stade ou je restais cloîtrée dans ma chambre. Et puis les années ont passé...et même si je n'ai pas oublié, je n'en parle jamais à personnes, même à mes plus proches amis. Je n'ai pas le choix je vis avec. J'ai fini par vivre dans la solitude, recroquevillée sur moi-même. Je me suis même éloignée de tout le monde, vivant pour mes passions dans le but de réaliser mon rêve. En conséquence, on pourra dire que je suis une sorte de petite fille modèle, je ne bois pas, je ne fume pas et en plus, je suis une vrai novice en ce qui concerne les relations de couple. Je n'ai jamais eu de copain ni même de premier baiser...

Mes parents, ne supportant plus de constater que je me privais de vivre la vie d'une adolescente comme les autres, ont décidé à mon insu de m'offrir une chance. Je n'ai été mise au courant que lorsque L'université d'Harvard avait accepté ma candidature dans le cadre des Etudes Artistiques et Professionnelles de la Photographie. Au début, je fus assez réticente, mais en y réfléchissant bien, celà représentais pour moi une réelle opportunité de commencer une autre vie laissant tout derrière moi.

Et voilà désormais un ans que je suis à Cambridge, tant de choses me sont arrivées. J'ai appris à aimer, à détester. Je suis tombé amoureuse pour la première fois de Kieran. Entre lui et moi, ce fut bien compliqué. Puis il me brisa le coeur, il faut dire que je ne sais pas vraiment à quoi je m'attendais à tomber amoureuse d'un homme dont le coeur était déjà pris. Après quelques mois sans lui adresser la paroles les choses redevinrent peu à peu normal entre nous, nous étions enfin redevenus de très bon amis qu'il quitta Cambridge... Puis le temps passa, et cette blessure amoureuse m'ouvrit la porte vers un nouveau monde. J'eu ma première fois avec un garçon que j'ai rencontré au Junction, nous sommes devenus de très bons amis. Quant à mon style de vie ? et bien j'ai radicalement changé, je bois parfois à en être ivre. Dévergondé, j'ai appris le vrai sens de la vie, et je sais désormais que du haut de ma chambre de San Francisco, je râtais baucoup de choses. Cette année fut très riche en émotion.. d'abord j'ai aussi découvert que ma chère mère m'avait caché l'existence d'une demi-soeur dont l'abandon ne la rendait en aucun cas fière. Oui, les choses ont bien changé, Dolce est ma demi-soeur, et depuis que nous le savons nous ne nous sommes pas adresser une seule fois la parole, nous...qui nous aimions tant à l'époque...