Peut-être que nos blessures nous apprennent des choses, elles nous rappellent d'où on vient et ce que l'on a surmonté, elles nous apprennent ce que l'on doit éviter à l'avenir. C'est ce que l'on aime penser, mais ça ne se passe pas toujours comme ça. Il y a certaines choses que l'on doit apprendre et réapprendre encore.

Citation :

« Cher journal, je t'écris en ce jour pour te dire simplement qu'ici, je ne me sens désormais plus à ma place. Comment dois-je réagir ? Que dois-je dire ? Me l'on t-il caché pour me protéger ? Je ne sais plus quoi penser. Si seulement tu pouvais me répondre. Dois-je leurs en vouloir ou au contraire, dois-je les remercier ? Qui est cette femme qui m'a mise au monde et pourquoi m'a t-elle donc abandonné ? Qui est mon père ? Qui sont ces deux personnes qui auraient du être mes parents ? »

▽ flash back, part one

Lorsque Micah commença à émerger de son sommeil, le soleil venait à peine de se lever sur la belle Américaine qu'est Toronto. Il devait donc être aux alentours de sept heures, selon ses calculs. Elle se souvint que la veille, ses parents avaient dit devoir lui parler de quelque chose ce matin même. La nuit avait été plus qu'agitée pour la demoiselle alors âgée d'une quinzaine d'années. Se tournant sur un côté, puis sur l'autre, elle avait vainement cherché la position idéale pour s'endormir jusqu'à tomber de fatigue aux aurores. Ce n'est qu'avec quelques heures de sommeil au compteur que la brunette se leva de son lit en s'étirant, baillant sans surprise en allant tirer les rideaux afin de laisser entrer la lumière. Par ce simple geste, pourtant banal, un sourire naquit sur ses lèvres rosées. Ainsi, elle enfila son gilet gris dont elle remonta la fermeture et attacha sa longue chevelure bouclée tout en s'observant dans le petit miroir surplombant son bureau. A nouveau, un sourire étira ses lèvres et la jeune femme quitta la petite pièce lui appartenant. Déjà, une agréable odeur vint lui chatouiller les narines alors que de très légers bruits de vaisselle se laissaient entendre. Sa mère peut-être, ou son père. Elle se contenta d'hausser les épaules, déambulant au travers le petit étage. Son premier réflex, avant de descendre déjeuner fût de s'approcher de la première porte à sa droite. Porte contre laquelle elle donna un léger coup pour ensuite passer sa tête. Son frère, Aidan, dormait comme un ange. Elle se retint alors de le réveiller et referma la porte, rejoignant aussitôt ses parents dans la cuisine. Là-bas, son père lisait le journal, assit à la table tout en tournant frénétiquement sa cuillère dans son mug de café. A quelques pas, sa mère s'activait sur les derniers pancakes, dressant la table avec soin. Chocolat, confitures, petits pains et même lait chaud. « Bonjour P'pa » avait-elle soufflé, déposant une bise sur le front de ce dernier alors qu'il hochait la tête, non surprit de ce petit rituel matinal. Vint ensuite le tour de la mère qui se pencha vers sa fille, l'entourant de ses bras afin de déposer une lourde bise sur chacune de ses joues. « Tu as bien dormi ma puce ? » demanda t-elle d'un ton assuré, presque un peu trop. La jeune femme secoua la tête en grognant, réajustant nerveusement la fermeture de sa veste avant d'ouvrir le réfrigérateur pour en sortir une bouteille de jus d'orange. Une fois ceci-fait, elle s'installa à table où elle commença à déjeuner. « Vous deviez me parler, ce matin ? » demanda t-elle par curiosité, croquant dans son pancake avant de lever le regard vers ses parents, successivement sur l'un, puis sur l'autre. Il y eut un bref silence, puis. « Micah.. » commença sa mère, maintenant plus nerveuse à son tour. Elle se leva d'ailleurs de table, appelant son frère en bas de l'escalier tout en frottant son tablier. Bien sûr qu'elle semblait nerveuse, bien plus qu'elle ne pourrait l'être en temps normal. Alors, Eibell de son second prénom, leva les sourcils et grogna, terminant son pancake avant de boire une gorgée de son jus d'orange, attendant patiemment une réponse. Ce n'est qu'au bout d'une bonne heure qu'enfin, les révélations tombèrent. Gabrielle, la mère de Micah vint à sortir une grande enveloppe marron tout en prenant de rapides inspirations « J'ignore si c'est une bonne idée de t'en parler aujourd'hui Micah, tu es peut-être trop jeune pour comprendre mais c'est un secret bien trop pesant pour ton père et moi, nous devions te parler de ton adoption » souffla t-elle, ménageant ses mots en s'approchant de la petite. Le verre orangé de Micah se déroba d'entre ses doigts et se renversa sur la table. Sourcils fronçés et bouche entre-ouverte, elle secoua vulgairement la tête « Quoi ? Tu.. tu veux dire que vous n'êtes pas mes vrais parents ? » lança t-elle en se levant de table, perturbée. Prise de peur, sa mère vint à lui tendre l'enveloppe en déposant sa main sur son épaule pour la retenir, mais aussi pour la contenir. Il fallait bien se douter qu'une telle nouvelle ne serait pas très facile à encaisser, d'autant pour une jeune fille de quinze ans en pleine crise d'adolescence. Aussitôt, les explications s'enchaînèrent. Le médecin de renom et l'infirmière de profession vinrent à justifier ce choix d'adoption mais aussi le pourquoi ils n'avaient jamais abordés ce sujet auparavant.

Il n'y a jamais de pourquoi à un souvenir. Il arrive comme ça, à l'improviste, sans demander la permission. Et tu ne sais jamais quand il repartira. La seule chose dont tu peux être sûr, c'est que de toute façon il reviendra..

Citation :

«Cher journal, j'ignore si partir est la bonne idée. En quittant cette ville, je laisserais derrière moi mes amis, ma famille ainsi que tous mes souvenirs. Bien sûr que je reviendrais, je ne pars que pour réussir mes études. Mais ne suis-je pas en train de me tromper ? De plus, dois-je continuer mes recherches ? Vainement, j'essaye de retrouver mes géniteurs mais ceux-ci n'apparaissent dans aucun fichier. Nul part. Comme s'ils n'avaient jamais existés. »

▽ part two

A l'aube de sa vingtième année à l'heure de se remémorer les innombrables souvenirs de l'année qui s'était achevée et aussi, à la veille de son départ pour l'Université, Micah vint à ressortir un carton de son placard. Petit carton customisé dans lequel s'entassaient de nombreuses photos et lettres en tous genres. Des photos de classe aux lettres d'amour, elle ne pût retenir ses sourires à la vue de chacun des objets. Aidan, son frère, était assit à l'autre bout du lit et contemplait les moindres réactions de sa cadette. Ce n'est que lorsque le visage de cette dernière se crispa qu'il comprit que quelque chose n'allait pas. Et pourtant, en cette veille d'anniversaire, la jeune femme n'avait strictement rien à envier aux personnes de son entourage. Et pour cause, à l'aube de sa vingtième année, la jeune Américaine d'adoption était sûre d'intégrer la classe de Médecine de l'une des plus prestigieuses Médecines, à savoir celle d'Harvard, dans la ville de Cambridge. Son père, Médecin, avait bien entendu, forcé la main à ses comparses. Argent oblige, elle n'avait plus qu'à faire partie de l'élite sans le moindre soucis. Mais est-ce que cela suffisait à la brune qui, pourtant, ne parvenait à sourire ? Un soupire s'échappa d'entre ses lèvres alors que ses doigts caressaient cette même enveloppe marron, donnée par sa mère il y a de ça quelques années. Dans cette enveloppe, seul le formulaire d'adoption faisait office de preuve sans jamais donner l'identité de ses parents biologiques ni même la raison de son adoption. Un simple détail est là. Deux enfants ont été adoptés à la même date, au même endroit. Pour autant, Aidan n'est pas le second enfant en question. Il est donc évident que Micah a un frère ou une soeur jumeau. Est-il/elle encore en vie ? A t-il/elle été aussi adopté(e) ? Où est-il/elle ? Connait-il/elle son existence ? Trop de questions sans réponses qui n'avaient cessés de la perturber. Certes, elle avait comprit et n'en avait jamais voulu à ses parents adoptifs de le lui avoir cachés, au fond, elle savait bien qu'ils la protégeaient et qu'à l'époque, elle n'était pas bien en âge de comprendre. Elle tourna la tête vers Aidan tout en laissant retomber l'enveloppe dans son carton et là, elle brisa le silence de sa voix légère « Tu crois que je devrais les connaître ? Qu'ils se rappellent de moi ? Peut-être qu'ils voudraient me contacter, depuis tout ce temps » bredouilla t-elle, incertaine. Il ne sût quoi répondre, secouant les épaules, il s'approcha d'elle et l'entoura de ses bras construits. Il lui glissa quelques mots à l'oreille, embrassant ensuite sa tempe lorsqu'elle se laissa glisser sous son drap. Il se glissa à ses côtés et la berça comme il le faisait autrefois, serrant sa petite soeur adoptive contre son torse tout en embrassant ses cheveux sombres et bouclés.

Au fond, nous sommes programmés pour croire à ce qui n'existe pas, parce que nous sommes des êtres vivants qui ne veulent pas souffrir. Alors nous dépensons toutes nos forces à nous convaincre qu'il y a des choses qui en valent la peine et que c'est pour ça que la vie a un sens.

Citation :

« Cher journal. Rassure-toi, je ne t'ai pas oublié. Effectivement, cela fait un bout de temps que je ne t'ai pas confié mes joies ainsi que mes peines mais excuse-moi, je n'avais que peu de temps pour moi. Me voilà installée à Cambridge depuis quatre ans et ici, tout se passe plutôt bien. T'ai-je raconté ma rencontre avec Maxwell, mon meilleur ami ? En tant qu'Alpha, cheer-leader, j'assistais à l'un des matchs de l'équipe de l'école. Mais à la fin de celui-ci, maladroite que je suis, j'ai trébuché en descendant des grandins. Sans lui, je me serais lamentablement écrasée sur le parquet devant une centaine de personnes. Il m'a rattrapé et depuis, je crois qu'il m'a évité plus d'une chute. Je continue avec brio mes études de Médecine et suis maintenant interne dans l'hôpital de Cambridge. L'internat. Ne dit-on pas qu'il s'agit de la meilleure période pour tout futur médecin ? Il est vrai que ce passage est riche en émotions, en découvertes. Mais de plus en plus, je me persuade que cette voie n'est pas forcément celle que j'aurais du emprunter. Je suis en couple. Oui, oui. En couple, tu as très bien compris. Après la relation difficile partagée avec Cameron, je m'étais pourtant persuadée qu'aucun autre ne parviendrait à gagner mon coeur. Mais il était là, près de moi. Il a attendu et a fait en sorte de gagner ma confiance. Il a su prendre son mal en patience et à su me prouver son amour. Travis. Tel est son petit prénom. N'est-il pas mignon ? Autant dire qu'à l'heure d'aujourd'hui, tout est bien qui fini bien. D'ailleurs, en parlant d'histoire qui se termine bien, mes recherches ont abouties. Mon frère biologique avait lui aussi, entrepris de me rechercher en apprenant mon existence par notre mère biologique. Celle-ci, ancienne prostituée, m'avait abandonnée aux portes d'un foyer, ne se jugeant pas capable de m'élever, m'évitant ainsi la misère et la débauche dans laquelle elle était plongée. Par je ne sais quel moyen, il est parvenu à retrouver mon dossier parmi la centaine appartenant au foyer m'ayant accueilli lors de mes premiers mois de vie. Par ce même dossier, il est remonté jusqu'aux Shelton. Ces derniers ont d'abord été surpris avant de finalement comprendre et de nous mettre en contact. Il est venu plusieurs fois sur Cambridge et nous nous sommes plus à plusieurs reprises. Je ne le considère pas vraiment comme mon frère puisque, contrairement à Aidan, je n'ai rien partagé avec lui. Nous avons certes le même sang mais à mes yeux, il n'est hélas, qu'une connaissance, à défaut de n'être qu'un simple inconnu. Par contre, en ce qui concerne les Shelton, j'aurais aimé t'annoncer une bonne nouvelle. Pourtant, voilà la seule ombre au tableau. Te souviens-tu de James, mon père adoptif ? Il est malheureusement décédé. Et crois-moi, ou non, mais je n'ai d'abord rien ressenti à l'évocation de son décès. Durant de longues journées, je suis restée indifférente, impassible avant de réagir, de comprendre et de m'effondrer. La vie n'est pas toujours un long fleuve tranquille, c'est certains. Emporté par la maladie, il a laissé derrière lui ma mère adoptive, mon frère adoptif, Aidan, qui s'est engagé dans l'Armée, et moi-même. Je n'aurais pas imaginé être riche un jour, si ce n'est à la fin de ma vie, après une longue carrière bien méritée, mais suite au décès de celui qui me considérais comme sa propre fille, j'ai hérité d'une certaine somme. Non que ma mère n'en avait pas besoin. Mais plutôt qu'il avait décidé de céder son héritage à parts égales, en trois parties...

Je n'ai, je pense, plus grand chose à te raconter. Maxwell a maintenant un fils avec Dolce, il s'appelle Tom et je peux t'assurer qu'il est à croquer. Ellen, quand à elle, a toujours a petite Alice, et comme sa maman, elle fait fureur. Je suis tellement fière d'avoir ces personnes en or dans mon entourage que sans elles, rien ne serais pareil. Maxwell, Dolce, Aileen, Ellen, Travis et même Carlie, Johann, Jared, Hélias, Norah, Hailie, Aaliyah. Autant de personnes qui font de ma vie, un réel bonheur, au quotidien.