" Tu fais quoi ? " Je m'avançai tout doucement dans le long couloir. Des bruits m'avaient réveillé, je pensais que c'était Hélias qui allait se coucher, mais non, je tombai nez à nez avec mon père. " Oh, ma chérie, va te recoucher. Papa a des choses à faire. " Des choses à faire, à trois heures du matin ? Il me prenait vraiment pour une gamine. D'accord, j'avais seulement dix ans, mais un père qui partait de chez lui à trois heures du matin, il n'y avait pas trente-six mille choses à faire dehors. Mais, j'étais jeune et je croyais tout ce que mes parents me disaient. Je le suivais en bas pour lui dire au revoir et ne sachant pas pourquoi, une larme commencée à couler le long de ma joue. Mes parents n'étaient jamais là pour nous, mon frère et moi. Ils étaient toujours absents et ça devenait trop. J'avais besoin d'eux. Mais eux, s'en fichaient à l'évidence. " Hélias... " Debout, devant le lit a mon frère, c'était le seul endroit de chez moi où je me sentais bien. Son lit, être près de lui. Il avait tout de suite compris et sans dire un mot, il se décala et me laissa dormir avec lui. Hélias, c'est mon grand frère. Mais c'est aussi mon meilleur ami, mon héros.

La France. Mon Dieu, ce pays est magique. Mon père devait y venir pour travailler durant un an. J'ai tout de suite accepté. Bien que j'étais déçu qu'Hélias ne me suive pas... J'avais dans l'espoir de me rapprocher davantage de mes parents. Mais en fait, je me suis totalement trompé. C'était même pire. Heureusement, j'avais mon appareil photo. La photo avait le don de m’emmener dans un autre monde, je pouvais m'évader. ça ne changeait rien au fait que depuis quelque temps, je ne me sentais pas bien. En fait, ça a commencé bien avant mon départ en France. J'avais arrêté de manger... et le peu que je mangeais, ce n'était pas suffisant du tout. La preuve, aujourd'hui, alors que j'étais dans un parc, le soleil tapait et ça ne faisait qu'atténuer mon mal de tête. " Hé, tu es sûr que ça va . " Josh. Un garçon que j'avais rencontré dès mon arrivée ici. Ses parents connaissaient les miens, l'avantage, c'est qu'il avait le même problème que moi. Mais en pire. Lui, ses parents était assez spécial. Genre, ils avaient déjà tracé la vie de leur fils, jusqu'à même vouloir choisir la future femme de Josh. Au moins, mes parents me laissaient tranquille sur ma vie, c'était déjà ça. Je me tenais la tête. " Hm, oui. ça doit être le soleil, j'aime pas ça. " J'aime pas ça . Le soleil ? Quelle conne. Qui n'aimait pas ça. N'empêche que c'était un mensonge qui passait plutôt bien. Je me tenais au banc, sentais mes jambes fléchir, ça ne va pas du tout bien. " Dawn, tu es blanche. " J'aurai bien sorti une vieille vanne, mais j'en eus même pas la force. " C'est normal, j'ai rien dans le ventre depuis ce matin, y'avais plus du tout de nutella chez moi. " Hop, ça allait le faire marrer à tout les coups.

De l'anorexie. Voilà ce que je faisais. Je passais mon visage sous l'eau. Mes parents ne remarquaient rien. Pourtant, ce n'était pas faute d'avoir essayé d'en parler avec eux. Que dalle. Et voilà, un soir, j'ai commencé à prendre des médicaments, pourquoi, ne me demandez pas. L'absence d'Hélias... l'ignorance de mes parents, c'était un mélange. Je ne pouvais plus tenir. Je voulais partir d'ici, revoir Hélias, le serrer dans mes bras, me sentir en sécurité enfin. Ce coup-ci, il n'y avait personne pour me rattraper, m'écroulant ainsi sur le sol. " Dawn, DAAWN. " J'entendais vaguement une voix familière. Impossible que ce soit mes parents, ils ont profité d'un week end pour aller dormir dans un hôtel à deux heures d'ici. C'était Josh. J'avais oublié que je devais le voir le soir-même. Il me tapotai doucement sur les joues. " Hm, putain, tu m'fais mal, dégage. " Ce qui me faisait surtout mal, c'était ma tête qui avait cognée sur le sol. Je me relevai tout doucement, voyant Josh ramasser la boîte de comprimés. " C'est quoi c'bordel ? " Même énervé, il gardait toujours cet air incroyablement sexy. Foutu mal de crâne. " C'est rien du tout. Sort d'ici. " Au final, il était resté près de moi pendant que je dormais. J'avais retrouvé cette sécurité qui m'avait tant manqué. J'ouvrai tout doucement les yeux, il était juste à côté de moi. " Désolé... " Soufflait-je. " Refait jamais ça.. s'il te plait. " Je me rapprochais de lui, calant ma tête sur son torse. Depuis, je lui avais fais juré de ne rien dire à mes parents.

En rentrant de France, c'est Hélias qui remarqua que j'avais changé.. j'avais maigris, j'étais souvent pas bien. Et bam, c'est lui qui m'emmena à l'hôpital dans l'espoir que j'aille mieux. Je m'en voulais vis-à-vis de Josh. Je lui avais promis que je ferais en sorte d'aller mieux. Alors que je faisais tout le contraire. Maintenant, je vais un peu mieux. Quoi que, mon frère c'est engagé dans l'armée, je me retrouvai seule. Encore une fois. En fait, pas totalement seule. J'ai rencontré ce gars, oh, le roi des cons. Vraiment. Casey. Je me demande encore comment j'ai faits pour être attiré par ce genre de gars. Je ne sais pas. Surement que j'ai craqué à cause de son regard, ou tout simplement parce qu'il était incroyablement sexy. Dans le genre, je pouvais pas trouver mieux. " Casey bordel à quoi tu joue ? Tu fais chier. " Je ne savais pas ce qu'il attendait de moi. Ou plutôt, je voulais tellement de lui, qu'au final, j'avais oublié que c'était qu'un sale con. " J'tai jamais demandé de rester. " C'est bien une réponse de mecs ça. Je laisse tombé. Ou pas. Une semaine après, on remet ça. J'étais totalement sous son emprise, ce gars pouvait faire ce qu'il voulait de moi, j'en étais dingue. Tout ce que je peux dire, c'est que notre relation n'aura jamais été de tout repos. On se déchire, on se fait du mal, on revient l'un vers l'autre, on va voir ailleurs, on se traite, on se dit des mots d'amours. À croire qu'on aimait à ça. À croire que j'étais assez conne pour continuer sur cette route.

Au retour de mon frère, j'avais une super nouvelle à lui annoncer. Ok, pas si superbe que ça. On a une soeur. Oui oui, une soeur. Merci papa pour ce cadeau. Bah ouai, j'ai un père infidèle. Personne n'est parfait. Je devais tout de même être la seule des trois à avoir encore de la sympathie pour lui. C'est mon père... quoi qu'il ait fait, il nous aime, moi ça me va. Je l'aime pas. C'est qu'une conasse, clairement, je la déteste. Elle est venue foutre sa merde dans nos vies.
C'est assez incroyable de ce dire qu'aujourd'hui, avec Luann - ma soeur - on est vraiment très proches. Mais dans le genre très proches, c'est, on se fait des soirées ensemble, vous voyez le truc ? C'est surement depuis la mort de notre père en fait.. on a apprit qu'on se connaissait déjà depuis toujours.

" Et si on partait. Juste toi et moi, loin d'ici. " Non, je devenais pas folle. J'avais besoin de partir de Cambridge et je sais que lui aussi. Casey. Oui, l'abrutit du bar, celui dont j'étais follement tombé amoureuse dès la première seconde, oui ce Casey-là. Il faut croire qu'on était fait l'un pour l'autre. " Je te suis. " Réponse satisfaisante. J'étais heureuse. Et je crois que plus rien ne pouvait gâcher ce bonheur. En fait, j'avais réussi à avoir tout ce don j'ai besoin. Un frère génial, une soeur parfaite, un copain, plutôt chiant dans ce genre, mais que j'aime par-dessus tout. Oh, j'ai même réussi à réaliser mon rêve. Ouvrit une galerie d'art. Sans déconner, je suis heureuse. Un an. Un an passé en France au côté de l'homme que j'aimais. Un an de pur bonheur. J'avais tout oublié autour de moi. Quoique, je ne vais pas dire que je n'ai pas connu de malheur, ça serait mentir. Un jour. Un seul jour qu'avait réussi à me faire retourner à la triste réalité. Un simple bilan de rien du tout, je ne me sentais pas vraiment bien ces derniers jours. J'avais bien trop peur de retomber dans ce qui m'avait autrefois, complètement détruite. Une éventuelle grossesse ? Il ne manquait plus que ça. Ce n'était juste pas possible. Il fallait tout de même aller voir quelqu'un. J'étais donc devant ce médecin. Casey avait insisté pour m'emmener, qu'il est mignon. " Tout est parfait, il n'y a rien d'anormal. Surement un coup de fatigue. " Soulagé. Jusqu'à ce que le médecin fasse cette grimace. Je l'interrogeais du regard. De toute façon, qu'est-ce qu'il pouvait bien annoncer ? La pire chose qu'on pouvait annoncer ça une femme, c'est qu'elle n'aurait jamais d'en... Oh bah merde. Voilà, la bombe était jetée. Je ne savais même plus quoi dire. Je regardais Casey l'air désolé. Je savais qu'il voulait des enfants et je ne pourrais jamais lui en donner à cause de ma maladie et de tous les examens que j'avais dû avoir auparavant. Le reste de la journée se passa dans un grand parfum de silence. Ni lui ni moi n'avons décroché un mot. C'est seulement le soir, j'avais craqué. Pitoyable. " Désolé... " murmurais-je alors que je fonçais dans ces bras. Une père porteuse, c'était ça sa brillante idée ? J'avais accepté. Et nous voila de retour à Cambridge. Au fond, je sentais que c'était pas encore le bonheur pour nous, que quelque chose allait nous tomber dessus, comme si le sort continuait de s'acharner sur nous. Cambridge nous voilà.